TITINE K.LEU @ Taxie Gallery

HOMMAGE AUX ICÔNES DU TATOUAGE

De 1997 à 2003, Titine K-Leu crée la série de tableaux intitulée Hommage aux icônes du tatouage. Lorsque débute cet ouvrage (ensemble de peintures comprenant vingt- sept pièces au total), l’artiste ne peut se douter que ses toiles vont réinstaller, en peinture, un sujet. En miroir du travail de portrait de Gottfried Lindauer (1839-1926), de l’œuvre photographique de Herbert Hoffmann (1919-2010) ou de peinture de Otto Dix (1891-1969), Titine K- Leu signe des pièces maîtresses de l’art outsider pop en matière de représentation du tatouage en peinture. Cette série a inspiré l’ensemble des propositions graphiques qui suivront, dans cette catégorie.

En 1997, encouragée par le maître tatoueur Don Felix Leu, Titine K-Leu débute un travail pour lequel elle va établir un protocole original. Il s’agit pour elle de raconter l’âge d’or des grands tatoué(e)s, célèbres et inconnu(e)s, dont le corps véhicule l’œuvre des artistes tatoueurs les plus talentueux de leur époque. Très peu de gens au monde à cette période ont connaissance des personnages qu’elle s’apprête à honorer. En feuilletant les témoignages de Spider Web (tatoueur avant- gardiste des années 70 et 80), en échangeant avec Lyle Tuttle (maître tatoueur et figure américaine tutélaire du tatouage historique, décédé en mars 2019) et Henk Schiffmacher (tatoueur hollandais, artiste peintre, collectionneur), elle angle son approche.

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À partir d’anciens documents datant de 1850 à 1960, Titine K-Leu va s’attacher à retranscrire sur toile, et au plus près, les motifs et couleurs originales de l’époque. La chose est complexe et nécessite une minutieuse observation des documents avant croquis. À la loupe, l’artiste décrypte les motifs, en reconstruit chaque ligne, explorant l’esprit des styles portés par ses illustres modèles. Outre cette prouesse d’archivage inédit, il ne s’agit pas pour l’artiste de n’atteindre qu’une justesse esthétique et/ou documentaire, mais bien de créer une « image-émanation ». En arrière-plan, elle fait apparaître ce qui doit être compris comme un paysage mental, soit un jeu entre éléments symboliques du contexte (l’iconographie du tatouage) et identité/personnalité du sujet (la personne peinte). Son but reste d’invoquer une « mémoire-transmission » propre au tatouage historique. Cette combinaison de discours devenue alchimie a fait surgir une vérité ; un portrait imposant une rencontre.

Sacralisant l’essentiel de l’histoire qui la compose (en tant que femme, artiste, épouse de Filip Leu, membre d’une dynastie européenne de maîtres tatoueurs respectée dans le monde entier), l’artiste crée depuis 2018 une suite à sa série historique.